Le prolongement du tramway boute hors de ses murs un commerce installé depuis 1885. L’expropriation sera prononcée aujourd’hui.
« Ici, on mange gaulois »
«Prolonger le tramway, c’est une nécessité économique et on le comprend bien, reconnaît Christian Basdevant, le gérant du café, supporteur du RC Courbevoie à ses heures perdues. Mais cela ne doit pas se faire au détriment des petits commerces. A La Défense, il doit y avoir de la place pour tout le monde et pas que pour les grosses chaînes. »
Chemise à carreaux et mine joviale, le patron de la Côte basque a bien l’intention, dit-il, de « défendre son bifteck ». Au menu de son bistrot, entrée-plat-dessert à 17,90 €, on trouve plutôt, en l’occurrence, de la blanquette à l’ancienne, du parmentier basque, de l’aligot d’Auvergne ou des tripoux de l’Aveyron. « Ici, on mange gaulois, de la bonne cuisine traditionnelle, ponctue vigoureusement Christian Basdevant, devant ses affiches du Stade Français de rugby et sous une ribambelle de petits drapeaux multicolores.
Et on ne fait pas de différence entre l’ouvrier et le PDG. Tout le monde mange côte à côte », assure-t-il.
« Ce sont les pelleteuses qui nous délogeront »
Ces endroits sont plutôt rares, à quelques pas du parvis où les employés avalent plutôt à la va-vite des sandwichs et autres croque-monsieur vendus souvent cher. Les clients de la Côte basque, eux, en redemandent : « Il faut le classer monument historique », écrit ainsi Jacques, travaillant à EDF, dans le livre d’or posé sur le zinc. « C’est le seul coin de convivialité qui résiste encore au béton », renchérit un dénommé Jean-Christophe.
Résister, c’est d’ailleurs bien l’intention de Christian Basdevant, qui veut organiser un siège dans son restaurant, avec les clients volontaires. « Ce sont les pelleteuses qui nous délogeront », lance-t-il. Les pelleteuses, paraît-il, devraient débarquer en début d’année prochaine.
Le Parisien